Entendons-nous bien : je déteste les événements sponsorisés. La plupart du temps. J'ai la désagréable sensation d'être gavée comme une oie par des équipes marketing sans scrupule, prêtes à infliger à la horde de journalistes affamés (oui, sachez qu'à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, le journaliste a toujours faim) les pires supplices pour vendre leur merde avec le sourire. Ainsi, il m'a été donné l'occasion de déguster des sushis qui avaient eu le temps de doucement tiédir sur le corps d'un chippendale imberbe vautré sur une table d'hôte, de m'étouffer avec un mojito au fond duquel nageaient des pétales de fleur pour une raison que j'ignore encore, ou de passer plusieurs semaines avec le logo d'une marque de vodka tatoué à l'encre semi-indélébile sur l'épaule gauche. 

Cette fois-ci, c'est différent, en tous cas ça en a l'air. Dita von Teese, petit être hybride à mi-chemin entre Jessica Rabbit et BeetleJuice, est l'ambassadrice de la liqueur Cointreau, et cherche depuis plusieurs années à expliquer aux françaises que oui, c'est un alcool glamour, que oui, il se consomme en cocktail et que oui, si tu en bois toi aussi tu seras brune, mince, waterproof, diaphane et à poils dans un verre à martini. Et pour ce faire, la marque a demandé à la belle de redécorer entièrement l'Hotel Particulier, super chic et confidentiel place-to-be-in-Paris, et l'investit pendant un mois, à partir du 28 septembre, pour recevoir une clientèle de happy few uniquement sur réservation autour des nouvelles créations cocktails à base du mythique triple sec, et de quelques tapas super sophistiquées spécialement conçues pour l'occasion.

Rebaptisé Cointreau Privé, en hommage aux bars clandestins des années 20, les internautes auront également la possibilité de réserver sur le site www.cointreauprive.com une pièce entière, pour 10 à 12 personnes, avec bartender à leur disposition. Grand tralala, quoi. Bracelet et guestlist de rigueur, ambiance feutrée et adresse underground, moi, je peux vous garantir que ma brochette de copines et moi, on y sera.

Les réservations ouvrent le 26 aout, et se font uniquement par le biais du site internet. Eh oué, parfois, il suffit d'un pitch un peu classe et d'une ou deux ficelles solides pour créer le buzz. 

L’Hôtel Particulier

23, Avenue Junot, 75018 Paris, 

01 53 41 81 40

A force de passer mes journées à mentalement préparer ma valise, j'ai les vacances qui me démangent. Une envie folle de répondre au téléphone du bureau avec un accent niçois, ou de couper l'eau de la fontaine au pastis, des trucs marrants quoi, qui vont faire rigoler la direction.

Plus que trois longues journées à tenir. Trois longues journées avant de retrouver mes petits bourrelets bronzés pincés dans mon bikini sable que j'en peux tellement plus d'attendre que je l'essaie tous les soirs et que les voisins se poilent en me voyant déambuler en maillot de bain dans l'appart.

Je veux du rosé en perfusion et de la tapenade par containers. Je veux des piscines d'anchoïade, des tonneaux d'amaretto, des camions de glace à la pistache et des tomates, des vraies, pas des balles de flotte. Avant-goût de Provence dans ma salle à manger.

Pissaladière d'agneau (pour 4 tartelettes)

1. Une pâte feuilletée toute prête (oui nan parce que j'ai un vrai travail quand même)
2. 600 grammes de gigot d'agneau (ou n'importe quel morceau dégraissé et désossé) coupé en petits dés
3. 5 ou 6 oignons jaunes bien gros
4. Beurre, thym, huile d'olive, pignons de pin, piment, poivre, sel, sucre

Y'a des filles, leur Madeleine de Proust, c'est le Nutella. D'autres, les bonbons à la violette. Moi, c'est les oignons caramélisés. Ouai je sais, dans le genre atout charme, femme enfant coquine et tout, on repassera. Mais c'est comme ça, rien à faire, je préfère me taper du confit d'oignons à la petite cuillère plutôt que de la pâte à tartiner, j'suis un bec salé. 

Déroulez la pâte, découpez vos tartelettes. Mettez les dés de viande à mariner dans l'huile d'olive avec le poivre, le piment et du thym.

Pelez et émincez les oignons. Il en faut beaucoup, ça va réduire à mort.  Mettez les à fondre à la poele, avec une grosse noisette de beurre, du thym à volonté, et laissez blanchir, puis caraméliser, en remuant régulièrement. Ça peut prendre un peu de temps, il faut que les oignons soient bruns, compotés. En cours de cuisson, saupoudrez légèrement de sucre en poudre... Customisez la confiture à l'envi : j'ajoute souvent des raisins secs préalablement trempés, ou des pignons de pin grillés à sec.

Réservez.

Une fois tièdes, tapissez-en généreusement les tartelettes, et enfournez à 200 dregrés pour une quinzaine de minutes, le temps que la pâte commence un peu à cuire. Attention, elle doit rester blonde.

Avant de servir, sortez la viande de la marinade, égouttez-la, et répartissez la sur les tartes pré-cuites à la confiture d'oignon. Salez-la à bloc, en ayant la main un peu lourde : c'est la croute de sel qui va faire griller l'agneau et créer le décalage dans les textures et les saveurs. 

Remettez le tout au four une dizaine de minutes, l'agneau doit griller au dessus mais rester tendre à l'intérieur. Parsemez du reste de pignons grillés. Servez avec une salade de mâche.

Voilà, rien à ajouter. Tube de l'été, propre, inspiré, super bien arrangé, sucré et dopé aux endorphines, qui donne envie de danser.

Sia, si ça ne tenait qu'à moi, je la declarerait d'utilite publique.  Mon riz au lait à la cardamome aussi, d'ailleurs.

Le riz au lait à la cardamome et caramel au beurre sale

Pour le riz au lait

1. 1,5L de lait entier
2. 400 g de riz rond arborio ou carnaroli (pour risotto)
3. 150 g de sucre
4. 1  gousse de vanille et 1 zeste d'orange
5. 1 cc de cardamome en poudre, ou 5 gousses pleines écrasées

Pour la sauce au caramel beurre salé

1. 250 g de sucre semoule
2. 80mL d'eau
3. 100 g de beurre salé
4. 150 mL de crème liquide entière
5. Un peu de fleur de sel de guérande

Oui, je sais, moi aussi j'en ai des sueurs froides rien qu'en égrainant les ingrédients. J'ai dix ans, je me suis même fait des couettes, et j'ai fait un noeud à mon t-shirt au dessus de mon nombril ; je suis à deux doigts d'aller enfiler mon short rose en éponge avec écrit "bunny" sur le cul. 

Rincez le riz. (Oué, technique la meuf. Certains vous recommanderont de l'ébouillanter trois minutes dans une cocotte mais franchement, je n'ai jamais senti de différence notoire, en dehors du bordel dans mon lave vaisselle.)

Faites bouillir le lait, le sucre, la gousse de vanille fendue, le zeste d'orange et la cardamome. Bouillir, hein, pas "répandre sur vos plaques de cuisson la totalité du contenu de la casserole". A ébullition, enlevez le zeste et la gousse de vanille versez le riz, et là, patience, volupté et sérénité : toutes les cinq minutes, d'un geste tendre, remuez votre riz et veillez à ce qu'il n'adhère pas aux parois. Ça crame vite, et ça flingue le diner, faites confiance à une habituée.

Le riz est cuit quand... ben quand il est cuit, hein. 30-40 minutes, s'il est trop al dente on rajoute du lait et on attend encore un poil. Il doit rester super crémeux : une fois refroidi, il continue de boire l'excès de liquide. Là, normalement, vous avez mal aux zygomatiques tellement l'odeur vous transporte. 

Pendant que le riz tiédit, faites le caramel. A feu doux, le sucre fond dans l'eau. Puis on y ajoute le beurre. Là, au choix, piaffement de joie ou syncope de bonheur. Faites cuire jusqu'à coloration roux clair, puis, hors feu, ajoutez la crème en remuant vivement. Une fois la consistance crémeuse et homogène obtenue, on remet à cuire à petite ébullition dix minutes, jusqu'à épaississement : moi, je me repère au moment où je craque et je mets la langue sur la cuillère en bois, c'est un bon indicateur.

Arrosez copieusement votre riz au lait de caramel. Si vous etes une vraie deglingo, degustez avec un mini muffin tiede, celui-ci, pour info, est au coeur coulant de speculoos (recette a venir : attention, grosse astuce marketing de fidelisation de mon lectorat). 

Cette tuerie atomique peut être préparée la veille, et réchauffée à la casserole avant de servir. Cette tuerie atomique peut vous rendre malade si vous dépassez les quantités recommandées. Cette tuerie atomique coiffe au poteau toutes les pâtisseries sophistiquées de tous les pâtissiers maniaco-dépressifs de tous les palaces de tout le monde entier. Rajoutez quelques pralines roses si vous voulez vraiment la mort de votre nutitioniste.

A chaque année son désastre textile. 2009 a vu naître le carrot pants, qui s'est répandu comme une trainée de poudre jusqu'aux fesses des plus timorées d'entre nous, ben quoi, c'est à la mode, mais non enfin ce n'est pas mon cul c'est juste du tissu, si ça fait joli. A chaque année son créateur misogyne, 2009 a galvanisé Nicolas Ghesquières et ses drapés coupés exclusivement pour les anorexiques japonaises, afin que les européennes soient obligées de demander du 42 pour espérer y passer une cuisse. 

2010, les filles... c'est pire. Imaginez que le styliste personnel de Lady Gaga ait été aidé par Stephen Hawking et les frères Bogdanoff pour plancher sur le sujet suivant : comment défigurer jusqu'à la plus jolie fille de la plage, sans possibilité d'échec.

Ils s'y sont sans doute mis à plusieurs, parce qu'ils ont fini par trouver.

Riez, morues, riez. Celles qui s'esclaffent devant l'image en s'imaginant que ce genre de douceurs sont réservées à Lindsay Lohan et Paris Hilton ne sont pas encore allées faire un tour sur les plages du sud... En dessous de 65 kilos, et de 65 ans, cette année, c'est l'uniforme. 

Si vous aussi, vous tenez à manifester votre mécontentement, je vous invite à exécuter le geste de rébellion suivant, qui, en faisant passer votre ration calorique du jour à 3000, vous permettra d'affirmer : le trikini ne passera pas par moi. Yeah.

Velouté de choux-fleur glacé sur flan de foie gras.

Pour le velouté : 

1. 300 grammes de sommités de choux fleur 
2. 150 grammes d'oignons
3. 15 grammes de beurre
4. 25 cL de bouillon de volaille
5. 25 cL de crème fraîche
6. 10 cL de lait entier

 Pour le flan de foie gras : 

1. 200 grammes de foie gras
2. 30 cL de crème fleurette
3. 2 oeufs battus

Faites revenir les oignons émincés dans le beurre, dans une grande cocotte. Ajoutez-y avant coloration le choux fleur (j'en utilise du surgelé, précuit, je vous fait pas l'article mais ça évite les odeurs intenables, du coup tu restes glam pendant que tu cuisines et ton mec court pas s'enfermer dans la chambre en beuglant ça foueeettttte).

Couvrez de bouillon de volaille, puis versez le lait et la crème. A vue de nez, ça doit affleurer en surface, et cuire à petits bouillons, peinard : couvrez 20 minutes, puis hop, au blender, avec sel, poivre, et petite cuillère pour goûter et rectifier. Laissez refroidir, et bim, au frigo. 

Pendant la cuisson du velouté, vous avez bien sûr eu le temps de fouetter le foie gras tiédi dix secondes au micro ondes avec la crème fleurette chaude, et les oeufs : normalement, ça poisse un peu, il est préférable de filtrer la mixture au chinois. Ça fait une jolie crème toute lisse, à laquelle on ajoute du poivre parfumé, genre sichuan ou poivre long.

Versez le flan au fond de ramequins, ou du récipient individuel de votre choix, pourvu qu'il passe au four. Tapissez-en juste le fond, c'est écoeurant s'il y en a trop. Perso, il m'en restait à nourrir tout le souk de Marrakech, j'en ai fait des mini verrines apéro. Collez tout ça couvert d'alu ou scellé au four à 95 degrés, au moins 45 minutes, puis réservez au frais.

Au moment de servir, versez le velouté de chou fleur sur le flan de foie gras... une pincée de curry, une goutte d'huile d'olive, et adieu maillot de bain pour californienne décharnée!

Cette recette est valable si vous avez deux bonnes heures devant vous, parce que franchement, raconté comme ça ça a l'air tranquille, mais c'est une vraie galère. Ma cuisine ressemble à la bande de Gaza, et j'ai du passer au chinois le flan de foie gras quatre fois avant d'estimer la consistance acceptable. Je préfère prévenir, hein. Puis pour rendre à Robuchon ce qui appartient à Robuchon, cette recette est customisée à partir de cet excellent bouquin blindé d'idées réalisables et franchement délicieuses.

Ça y est. C'est bon. Je suis prête. 

J'ai avalé mes gélules de bêta-carotène tous les matins. J'ai mangé un concombre à chaque fois que j'ai eu envie de granolas. J'ai acheté n'importe nawak chez Zara. J'ai posé du vernis sur mes ongles de pieds, et pour un peu, je serais presque déguisée en fille. Voilà l'été, son affaire d'Etat, ses cours de PowerPlate, sa saison 3 de True Blood, le moment tant attendu où l'on se dit que Paris est à nous, et où on passe finalement son temps en bas de chez soi rapport à l'éclair de génie qui a traversé la poire du maire de Paris, quand il a décidé de fermer les voies sur berges.

J'aime bien le mois de juillet. Je porte des tongs pour aller bosser, je pèse 500 grammes de moins qu'en décembre, je lis des romans étrangers mal traduits, je mets de la cardamome et de la fleur d'oranger dans tout ce que je cuisine, et parfois j'ose même le fard à paupières doré au coin interne de l'oeil, doh.

Faut dire que dix mois sur douze, j'ai quand même une sacrée tendance à faire la gueule, de façon systématique, plus par goût que par réelle conviction. J'ai un avis très tranché sur pas mal de trucs, dont beaucoup auxquels je ne comprends pas grand chose ; mais il se trouve qu'à l'approche des beaux jours, je m'attendris, un peu comme un poulpe sur lequel on aurait tapé très fort. J'en profite : je crée un blog. Un truc un peu foutoir, où je mettrai des recettes, et des diatribes à la santé d'un monde meilleur.

Parce qu'en dehors de parler fort et beaucoup, il y a un autre truc que j'adore : manger. J'ai beau changer de couleur de manucure toutes les semaines, je reste convaincue que la seule chose de vraiment jouissive en ce bas monde, c'est la bouffe, la vraie. Celle qui donne envie de parler, celle que tu fais avec amour et que tu réussis, celle que tu fais avec amour et que tu rates à bloc alors que t'y as passé l'après midi. 

Welcome.